نهاية الفصل الدراسي الثاني (مارس) من عام 2020 تميزت بتوقف مفاجئ للتعليم داخل الحرم الجامعي في الجامعات الجزائرية. في مواجهة قرار العزل العام الذي اتخذته الحكومة الجزائرية، اضطر معلمو قسم علم تنظيم المكتبات إلى استخدام أدوات مثل وسائل التواصل الاجتماعي والبريد الإلكتروني وأيضًا منصات التعلم عبر الإنترنت مثل Google Classroom لضمان استمرار تعليمهم. تهدف هذه الدراسة إلى فحص عملية الانتقال من التعليم الوجاهي بالكامل إلى التعليم عبر الإنترنت، والتحديات التي واجهها الطلاب فيما يتعلق بالاستيعاب وفهم الدروس وإنجاز وإرسال واجباتهم. قمنا بإجراء استطلاع لدى طلاب قسم علم تنظيم المكتبات في جامعة الجزائر 2، بالإضافة إلى تحليل ببليومتري استنادًا إلى درجات الطلاب التي تم الحصول عليها خلال الامتحانات الفصلية للعام الدراسي 2019/2020.

Introduction

L'année universitaire 2019/2020 a été marquée par une crise sanitaire mondiale qui a imposé des défis sans précédent à l'enseignement supérieur à travers le monde. En Algérie, les enseignants et les étudiants ont été contraints de s'adapter rapidement pour maintenir la continuité de l'enseignement à distance. La mise en ligne des cours à partir d'avril 2020 n'avait pas été prévue ni anticipée par les systèmes éducatifs algériens avant la pandémie. Cette transition vers l'enseignement à distance a été entravée par des problèmes tels que la fracture numérique, le manque de ressources financières et techniques chez les étudiants, ainsi que l'absence de formation des enseignants aux technologies de l'information et de la communication (TIC). Les chercheurs en éducation, notamment Hodges et al. (2020), ont qualifié cette transition d'« enseignement à distance d'urgence » (ERT), soulignant ainsi les circonstances exceptionnelles dans lesquelles elle s'est déroulée.

Le confinement a mis en lumière les lacunes et les dysfonctionnements du système d'enseignement supérieur en Algérie. Cette étude se propose d'analyser la manière dont s'est opérée la transition de l'enseignement entièrement en présentiel vers l'enseignement à distance, en se concentrant sur le Département de bibliothéconomie de l'Université d'Alger, plus précisément sur les étudiants de deuxième année de licence. Nous examinons cette transition à travers le prisme d'un module que nous avons enseigné avant, pendant et après la première vague de la pandémie.

Notre objectif principal est d'explorer l'existence d'une relation entre la compréhension, l'assimilation des cours et la réalisation des devoirs par les étudiants en l'absence de l'enseignant, que ce soit en salle de cours virtuelle (visioconférences) ou par le biais de cours délivrés sur des plateformes en ligne ou transmis par e-mail. Des études menées outre-Atlantique, telles que celle d'Owusu-Forjour et al. (2020), ont mis en évidence l'importance de la présence de l'enseignant en classe.

Nous examinerons les défis auxquels les étudiants ont été confrontés pour assimiler les cours, comprendre les concepts et soumettre leurs devoirs. Pour ce faire, nous avons mené une enquête auprès des étudiants en utilisant un questionnaire comprenant vingt-huit questions, envoyé par e-mail le 16 février à 195 étudiants inscrits. Nous avons obtenu 121 réponses en ligne, ce qui représente un taux de réponse de 62 %, légèrement supérieur à la moyenne, mais néanmoins insuffisant. Nous nous interrogeons sur les raisons pour lesquelles 74 étudiants (environ 38 %) n'ont pas répondu. Une hypothèse plausible, similaire à d'autres études (Martin & Paye, 2020 ; Eyraud, 2020), est que certains d'entre eux pourraient ne pas disposer des moyens matériels et financiers nécessaires pour suivre des cours en ligne. Nous examinerons cette hypothèse à la lumière des réponses des étudiants de l'Université d'Alger 2.

Du point de vue des enseignants, ceux-ci ont été contraints d'utiliser des outils tels que les réseaux sociaux, la messagerie électronique et des plateformes d'apprentissage comme Google Classroom ou Moodle pour assurer la continuité de leur enseignement. Certains ont eu à manipuler ces outils pour la première fois. À travers l'analyse des cours, des exercices déposés sur Google Classroom et des interactions avec les étudiants, ainsi que grâce aux évaluations hebdomadaires, nous chercherons à évaluer les compétences des apprenants à travailler de manière autonome, sans la présence physique de l'enseignant en classe. Nous avons également réalisé une étude bibliométrique en examinant les relevés de notes de l'année universitaire 2019/2020 pour comprendre les répercussions des connaissances acquises avant et pendant le confinement sur les évaluations et les notes attribuées aux étudiants.

Notre étude s'articule autour de plusieurs hypothèses, notamment celle selon laquelle le recours à l'enseignement à distance pendant la pandémie peut influencer les perceptions et les pratiques des étudiants et des enseignants, notamment en ce qui concerne l'évaluation des acquis. Nous aborderons également l'idée que l'évaluation numérique est devenue incontournable dans un contexte d'enseignement à distance. Nous examinerons en outre l'impact des défis liés à la connectivité Internet limitée et aux ressources matérielles insuffisantes chez les étudiants sur la réussite de l'enseignement hybride au sein du Département de bibliothéconomie, en mettant particulièrement l'accent sur le module de description normalisée des supports d'information, objet de notre étude. Enfin, nous nous interrogerons sur la perception des étudiants quant à l'absence de l'enseignant pendant la lecture des cours et son éventuel impact sur leur engagement et leur réussite académique.

1. Repères bibliométriques

La crise sanitaire mondiale de l'année universitaire 2019/2020 a suscité un intérêt croissant parmi les chercheurs, notamment en ce qui concerne l'enseignement supérieur en Algérie. Notre propre investigation vise à explorer la production scientifique existante sur cette thématique tout en prenant en compte les points de vue des chercheurs nationaux et internationaux. Plusieurs études ont souligné les principaux obstacles tels que la faiblesse de la connectivité Internet, l'absence de réseau dans certaines régions rurales, et le manque de ressources matérielles (Achibal, 2021; Asmanie, 2021; Lassassi, 2020; Souame, 2021; Mouffok, 2021).

Cependant, Asmanie (2021) n'a pas examiné la relation entre la formation des étudiants à l'apprentissage en ligne et leurs performances académiques en fin d'année. Ses résultats ont néanmoins révélé que 31,4 % des étudiants ont rencontré des difficultés de compréhension des sujets, 21,8 % ont éprouvé des difficultés à les traiter, et 22,4 % ont perçu une incompatibilité entre le contenu des sujets et les cours en ligne. Il a conclu que l'évaluation en ligne a connu un démarrage relativement acceptable à l'Université de Tizi Ouzou.

Une enquête similaire menée par Souame (2021) à l'Université Badji Mokhtar (Annaba) avait pour objectif de comprendre la perspective des étudiants sur l'enseignement à distance et sa gestion par l'administration centrale pendant la pandémie. Elle a souligné que bien que le rectorat ait manifesté de l'intérêt et des efforts en faveur des technologies de l'information et de la communication (TIC), celles-ci ont progressé lentement dans l'enseignement supérieur. Les étudiants ont noté que les enseignants avaient peu d'expérience dans la préparation des examens en ligne, ce qui a encouragé la tricherie. En outre, elle a constaté que la génération Y était à l'aise avec les TIC, avec 66 % des étudiants de l'Université de Ghardaïa (Ouyaba & Chikh Salah, 2020) suivant leurs cours à partir de téléphones portables ou de tablettes.

Pour comprendre le point de vue des enseignants en Algérie, Lassassi (2020) a distribué un questionnaire à 2 000 enseignants à travers le pays. Ses résultats ont révélé que 20 % des enseignants estimaient que leur environnement de travail n'était pas du tout adapté à l'enseignement à distance, tandis que 66,6 % déploraient l'absence de contact direct avec les étudiants.

Au niveau international, plusieurs études ont examiné l'impact de la pandémie de COVID-19 sur l'éducation, en mettant notamment l'accent sur l'enseignement supérieur. Une étude d'envergure mondiale réalisée par Aristovnik, Kerzic, Tomazevic et Umek (2020) auprès de 30 383 étudiants de 62 pays a révélé que les préoccupations principales des étudiants étaient liées à leur apprentissage et à leur vie professionnelle. Des sentiments d'ennui, d'anxiété et de frustration ont été largement signalés, tout comme l'insatisfaction à l'égard de l'enseignement universitaire pendant la période de confinement. Des conclusions similaires ont été obtenues dans d'autres enquêtes (Goltrant et al., 2020; Eyraud, 2020). Ces recherches ont également noté une désynchronisation et une délocalisation des activités d'enseignement pendant la période de confinement, que les enseignants et les étudiants ont eu du mal à surmonter (Ria & Mauguen, 2020).

2. Contexte de l'étude

Le module "Normalisation et description des ressources documentaires" est un enseignement exigeant une interaction continue avec les étudiants tout au long de l'année universitaire. Il est proposé aux étudiants de deuxième année de licence au Département de bibliothéconomie de l'Université d'Alger et est classé comme une unité d'enseignement méthodologique. Ce module, d'une durée de deux semestres (30 semaines), totalise 45 heures de cours et est évalué par un contrôle continu avec un coefficient de 1.

L'objectif principal de ce module est de former les étudiants à identifier les éléments spécifiques d'un document en fonction de son type et de leur apprendre à élaborer une notice bibliographique strictement normalisée. En d'autres termes, à la fin de l'année universitaire, les étudiants doivent être capables de repérer, localiser et transcrire les informations en utilisant des normes internationales.

Pendant le premier semestre de l'année universitaire 2020, avant la pandémie, l'enseignement se déroulait en présentiel, avec un accompagnement via la plateforme Google Group. Cette approche permettait aux étudiants d'accéder aux cours dispensés en classe, à des exercices complémentaires sous forme de PDF, ainsi qu'aux corrigés après la séance en présentiel. Il s'agissait donc d'une approche d'enseignement hybride, où l'apprentissage ne dépendait pas uniquement des trois unités traditionnelles de temps, de lieu et d'acteurs (Nissen, 2011).

Cependant, à la suite de la crise sanitaire et de la décision ministérielle du 17 mars 2020 de passer à l'enseignement à distance, le Département de bibliothéconomie a recommandé aux enseignants d'utiliser les plateformes Google Classroom ou Moodle. Cela a entraîné des défis pédagogiques, car l'enseignant était confronté à la nécessité de fournir des cours au format PDF sans explications détaillées, ainsi que des exercices qui couvraient des concepts en cours d'apprentissage sans possibilité d'interaction directe avec les étudiants en cas de difficultés.

Cette situation a contraint les étudiants de deuxième année de licence à acquérir de nouvelles compétences de manière autonome, puisqu'ils devaient désormais maîtriser la matière sans la présence physique de l'enseignant. Cela a représenté un défi pédagogique majeur, notamment en ce qui concerne l'acquisition de compétences pratiques et de savoir-faire, car les objectifs pédagogiques exigeaient normalement une interaction directe avec les étudiants pour discuter des concepts et répondre à leurs questions. En fin de compte, cette expérience a nécessité une adaptation rapide à un contexte d'enseignement totalement différent, imposé par la pandémie de COVID-19.

2.1. Situation Pédagogique

La situation pédagogique qui en a résulté peut être analysée à la lumière du "triangle pédagogique" proposé par Houssaye (2014). Ce modèle souligne la relation triangulaire entre le savoir, l'enseignant et les élèves. Cependant, dans le contexte de l'enseignement à distance asynchrone, deux des trois composantes du triangle, à savoir l'enseignant et les élèves, sont actives, tandis que la composante du savoir prend une position passive. Cette asymétrie peut créer des défis majeurs, car l'enseignant ne peut intervenir que lorsque les étudiants l'interpellent par le biais de messages sur Google Classroom ou par courriel.

La communication asynchrone entre l'enseignant et les étudiants est devenue la norme, avec un échange considérable de messages. Par exemple, au cours de la période allant du 5 avril au 22 octobre 2020, nous avons échangé pas moins de 420 messages avec les étudiants. Cette situation a introduit un changement majeur dans la dynamique pédagogique, passant d'une approche centrée sur la présence en classe à une pédagogie plus constructiviste, où les étudiants sont responsables de la construction de leurs propres connaissances. Cet ajustement pédagogique a été imposé par la pandémie de COVID-19 et a nécessité une adaptation rapide pour répondre aux besoins d'apprentissage des étudiants.

Dans ce contexte, la compétence pédagogique a évolué vers la capacité à mobiliser de manière autonome diverses ressources, tant internes qu'externes, pour relever des défis pédagogiques complexes en situation de crise sanitaire. Les attentes envers les étudiants ont également évolué, exigeant qu'ils acquièrent des compétences pratiques sans la présence physique de l'enseignant. Les objectifs pédagogiques qui visaient initialement une interaction directe ont dû être ajustés pour s'adapter à cette nouvelle réalité de l'enseignement à distance.

En conclusion, cette étude aborde le contexte de l'enseignement supérieur en Algérie pendant la pandémie de COVID-19, en mettant en évidence les défis rencontrés dans le cadre d'un module spécifique du Département de bibliothéconomie de l'Université d'Alger. La transition vers l'enseignement à distance a nécessité une adaptation rapide de la part des enseignants et des étudiants, avec des implications importantes pour les méthodes d'enseignement et d'apprentissage.

Figure N° 1. Le triangle Pédagogique

Source : Qu’est-ce que le triangle pédagogique de Jean Houssaye  ? En ligne : https://www.profinnovant.com/quest-ce-que-le-triangle-pedagogique-de-jean-houssaye/

L'étudiant, dans ce contexte, peut se sentir laissé à lui-même, ce qui a sans aucun doute entraîné des difficultés pour la compréhension de certains contenus et la manière de les aborder. Il est en train d'apprendre avec un enseignant à distance dont le rôle se limite à l'orientation de son apprentissage. Cette impression d'abandon est renforcée en examinant la Figure 2.

Figure N° 02. La communication entre enseignant et étudiants sur Google Classroom du 5 avril au 22 octobre2020

Source : Espace de l’enseignant du module dans Google Classroom

La communication numérique se distingue notablement de la communication en présentiel. Cette distinction se manifeste de manière particulièrement frappante dans les messages échangés, où les étudiants sollicitent parfois l'enseignant lorsqu'ils rencontrent des difficultés dans la compréhension des contenus ou dans leur approche de ces derniers. Par exemple, les messages du type "Madame je n'ai pas compris" ou "Madame pouvez-vous nous envoyer un modèle" (d'avril à juin) sont révélateurs de cette dynamique. De plus, des réclamations ont été formulées lors de la remise des évaluations finales en septembre. Il convient de noter que le pic d'activité en avril peut être interprété comme le moment où les étudiants ont commencé à s'habituer à la plateforme Google Classroom.

2.2. Contraintes

Pendant la période d'enseignement à distance, nous avons identifié plusieurs types de contraintes, notamment sur le plan pédagogique, financier et technique. Certaines de ces contraintes ont affecté la capacité des étudiants à soumettre leurs devoirs. Par exemple, malgré leur expérience avec Google Groups au cours du premier semestre (où nous avons reçu 19 messages le 5 avril 2020), certains étudiants ont rencontré des difficultés pour envoyer leurs devoirs. D'autres ont mentionné des contraintes financières, indiquant qu'ils n'avaient pas les moyens nécessaires pour se connecter à Internet. De nombreux étudiants ont également partagé des dispositifs tels que des ordinateurs ou des smartphones avec leur famille ou leurs voisins. Dans certains cas, des étudiantes ont été empêchées d'utiliser leur téléphone, souvent par leurs frères, et ont dû utiliser clandestinement le téléphone de leur mère. De plus, des problèmes de connexion Internet lente ont été signalés, tant du côté des enseignants pour le téléchargement de documents au format PDF ou de vidéos, que du côté des étudiants pour la soumission de leurs exercices, souvent sous forme d'images prises avec leur téléphone. La mauvaise qualité de ces fichiers a rendu difficile leur lecture et leur correction.

3. Résultats et discussions

Comme mentionné précédemment, nous avons mené une enquête auprès des étudiants de deuxième année de licence du Département de bibliothéconomie. L'analyse des réponses des enquêtés reflète des résultats similaires à ceux obtenus dans des enquêtes similaires, tant au niveau national qu'international. Cependant, cette étude se distingue par une approche complète qui combine une analyse qualitative des devoirs d'application soumis sur Google Classroom et une analyse quantitative des procès-verbaux des notes.

Nous avons informé les étudiants via Google Groups que nous allions basculer vers un enseignement à distance via Google Classroom à partir du 4 avril 2020. La grande majorité des étudiants (89,3 %) ont reçu cette information et nous ont confirmé leur participation via la plateforme. Cependant, l'enquête révèle que 32 % des étudiants n'ont pas pu ou n'ont pas souhaité accéder à la plateforme (39 étudiants), ce qui représente presque un groupe entier. Les raisons de cette absence sont variées, certains évoquant l'absence de connexion Internet ou d'ordinateurs, tandis que 28 % des étudiants ont mentionné des contraintes financières. De plus, 92 % des répondants ont indiqué utiliser un smartphone pour leurs travaux, tandis que seulement 3,3 % disposaient d'un ordinateur portable et 3,3 % (4 étudiants) ne possédaient aucun dispositif pour étudier à distance. En ce qui concerne les modes de connexion, 49 % des étudiants utilisaient des opérateurs privés, 41 % utilisaient l'opérateur étatique, et 10 % ne disposaient d'aucune connexion. Ces chiffres suggèrent que certains étudiants sont restés en situation de rupture pendant la pandémie. Cependant, il est intéressant de noter que, selon les procès-verbaux des évaluations, le nombre d'étudiants ayant obtenu une note entre 0 et 4,75 au deuxième semestre (43) est inférieur à celui du premier semestre (49). Cela soulève des hypothèses possibles, notamment que certains étudiants ont utilisé les réseaux sociaux, en particulier Facebook, pour obtenir des copies des devoirs. Une communication ultérieure avec les étudiants a confirmé cette hypothèse. Une autre hypothèse suggère que ces étudiants, avec les outils à leur disposition et la possibilité d'étudier à leur rythme, ont acquis des compétences pour réussir leurs études. Cependant, 34 répondants de l'enquête ont déclaré avoir toujours besoin de la présence de l'enseignant pendant le cours, indiquant des difficultés à comprendre les cours en ligne.

Chaque cours déposé sur Google Classroom était accompagné d'une série d'exercices, conçus pour évaluer l'acquisition des connaissances après la lecture et la compréhension du cours. La majorité des répondants (68 %) ont affirmé avoir participé aux cours et aux exercices sur la plateforme, avec 53 % d'entre eux le faisant régulièrement et 43 % de manière occasionnelle. Cependant, 28,1 % des étudiants ont soumis l'ensemble des devoirs, tandis que 18,2 % en ont soumis la moitié et 20,7 % ont soumis le quart. Les difficultés techniques ont également influencé la soumission des travaux, avec 52 % des étudiants signalant des problèmes techniques, notamment la non-réception des devoirs sur la plateforme. De plus, certains étudiants (9) résidant dans des régions montagneuses et du sud du pays, mal desservies par Internet, ont rencontré des difficultés pour envoyer des fichiers.

En conclusion, cette étude met en lumière les défis rencontrés dans le contexte de l'enseignement à distance pendant la pandémie de COVID-19, en se basant sur l'exemple spécifique du Département de bibliothéconomie de l'Université d'Alger. La transition vers l'enseignement à distance a entraîné une adaptation rapide tant du côté des enseignants que des étudiants, avec des implications significatives pour les méthodes d'enseignement et d'apprentissage.

Figure N° 3. Pourcentage des travaux réalisés par les étudiants pendant le 2ème semestre 2020

La table n°1 ci-dessous nous offre un aperçu de la moyenne de la classe pour chaque exercice déposé sur la plateforme. Sur un total de dix exercices d'application, huit ont été notés sur une échelle de dix, tandis que deux exercices ont été notés sur une échelle de cinq.

Table N° 1. Evaluation des exercices sur Google Classroom : moyenne de la classe

Exos	1/10	2/10	3/10	4/5	5/10	6/5	7/10	8/10	9/10	10/10
Moyenne	5.23	3.97	5.01	2.1	3.81	1.58	4.35	3.79	3.06	6.53

Source : espace de l’enseignant sur la plateforme Google Classroom.

Ces premiers résultats suscitent des préoccupations concernant la compréhension des cours en ligne par les étudiants. En effet, la moyenne générale de l'ensemble de la classe pour l'ensemble des exercices est évaluée à 38,4, ce qui demeure très bas pour un module dont l'impact sur la gestion quotidienne d'une bibliothèque est crucial. Il convient de noter qu'une étude sur les catalogues des bibliothèques algériennes a révélé une insuffisance dans la maîtrise des normes de catalogage par les bibliothécaires (ALI PACHA, 2010).

Nous avons complété les cours au format PDF par des séances de visioconférence, au nombre de cinq, afin de fournir des explications sur des points spécifiques des cours et de répondre aux questions des étudiants. Nous avons mené une étude comparative des résultats en fonction de deux contextes : le premier concerne les évaluations des exercices d'application déposés après la mise en ligne d'un cours au format PDF (Catégorie 1), tandis que le second concerne les évaluations des exercices associés à un cours en visioconférence et au format PDF (Catégorie 2). Nous observons une nette amélioration des notes et une meilleure compréhension des sessions dans la catégorie 2 (Tableau n°2). Trois étudiants qui ont participé au cours en ligne ont obtenu une note de 9 sur 10 pour un exercice d'application.

Table N° 2. Comparaison des évaluations des exercices avec et sans visioconférences

	Catégorie 1	Catégorie 2
Notes comprises entre 0 et 5	19	02
Notes comprises entre 5 et 10	33 Dont 2 ont eu 8/10	21 Dont 3 ont eu 9/10
Non remis	15	15

Source : espace de l’enseignant sur la plateforme Google Classroom

Les conclusions d'une étude menée par MASON, LOWE et TORNATORA (2013), portant sur trois groupes d'élèves exposés à une vidéo didactique sur le fonctionnement d'une pendule de Newton, mettent en évidence que la simple visualisation d'une animation ne suffit pas nécessairement à engager un processus d'apprentissage actif. Dans cette recherche, la tâche de dessin a été utilisée comme une tâche de génération cognitive, favorisant ainsi une meilleure organisation des connaissances et leur mémorisation. Dans notre contexte, l'exercice d'application joue un rôle similaire à la tâche de dessin mentionnée dans l'étude.

Nous avons soumis aux étudiants la question suivante : "L'expérience de l'enseignement à distance via Google Classroom a-t-elle été positive ou non ?" Parmi les 121 répondants, 89 d'entre eux (soit 73,6 %) ont répondu positivement. Les 32 répondants restants (soit 26,4 %) ont exprimé un avis négatif, soulignant plusieurs raisons, notamment les contraintes techniques, matérielles et financières précédemment évoquées.

Figure N° 02. Opinion des étudiants sur l’enseignement à distance

Cependant, certains étudiants ont fait part de difficultés d'ordre psychologique liées à l'enseignement à distance. Parmi les commentaires les plus explicites figurent : "Je comprends mieux en présentiel", "Manque de volonté à travailler en ligne", "Difficulté de concentration", et "Nous n'avons pas le niveau requis...". Ces déclarations reflètent des défis psychologiques et motivationnels auxquels certains étudiants ont été confrontés pendant cette période d'enseignement à distance.

Pour mieux évaluer l'impact de cette transition vers l'enseignement à distance, nous avons comparé les notes obtenues par les étudiants au premier et au deuxième semestre de l'année universitaire 2019-2020 (voir Figure N° 3). Cette analyse révèle une stabilité dans la moyenne semestrielle pour 18 étudiants, dont les notes se situent entre 12,5 et 14,75. En revanche, la note de certains étudiants (au nombre de 27) a diminué au deuxième semestre, ce que nous attribuons aux contraintes matérielles et psychologiques mentionnées par les répondants lors de l'enquête, ces étudiants ayant obtenu des moyennes comprises entre 10 et 12,25.

Il est également intéressant de noter que pour les étudiants ayant obtenu une moyenne inférieure à 10, leur performance s'est améliorée au deuxième semestre. Cela peut être expliqué, comme mentionné précédemment, par la tendance à la copie de certains d'entre eux, qui a pu influencer leurs résultats académiques.

Table N° 03. Moyenne obtenue par les étudiants avant et pendant la pandémie Covid 19

L'analyse de l'histogramme met en évidence des tendances intéressantes. Au premier semestre, seulement quatre étudiants ont obtenu une moyenne comprise entre 15 et 20. Cependant, lors de la transition vers l'enseignement à distance au deuxième semestre, nous observons que deux autres étudiants ont réussi à améliorer leur moyenne, rejoignant ainsi le groupe des performants.

En ce qui concerne les étudiants ayant obtenu une moyenne entre 10 et 12,5/20 au deuxième semestre, leur nombre s'élève à 51, tandis qu'ils étaient 63 au premier semestre. Cette observation suggère que, malgré les défis rencontrés par les étudiants en raison de l'enseignement à distance, un nombre significatif d'entre eux a réussi à maintenir leur performance académique.

En résumé, sur l'ensemble des étudiants inclus dans notre étude (soit 195 étudiants inscrits au deuxième semestre), seulement 26 étudiants ont enregistré une régression de leurs performances pendant la période de confinement. Ce taux de régression, équivalant à 0,13, demeure relativement faible, même compte tenu des difficultés signalées par les étudiants dans le questionnaire. Cette constatation suggère une certaine résilience et capacité d'adaptation des étudiants face aux défis de l'apprentissage à distance pendant la crise sanitaire.

Conclusion

L'examen approfondi de ce module, avec ses nombreux objectifs et compétences à atteindre, révèle que l'introduction d'un mode d'enseignement hybride, combinant des éléments en présentiel et à distance, pourrait apporter une réelle valeur ajoutée à ce programme. La pandémie mondiale a mis en lumière les vulnérabilités et les lacunes du système d'enseignement supérieur en Algérie, soulignant la nécessité urgente de réformer l'université algérienne.

Pour remédier à ces problèmes, il est essentiel de repenser l'ensemble du système éducatif supérieur en prévoyant un cadre complet pour l'enseignement à distance, en prenant en compte les aspects techniques, financiers et matériels des étudiants. Une solution possible à ces défis consiste à mettre en place des cellules d'aide et d'accompagnement au sein de toutes les universités. Ces cellules devraient être équipées non seulement d'ordinateurs, mais aussi d'une connexion Internet à haut débit pour garantir un accès fluide aux ressources en ligne. De plus, des programmes de formation personnalisés sur les technologies de l'information et de la communication (TIC) devraient être proposés, tant aux étudiants qu'aux enseignants, afin de renforcer leurs compétences et leur confiance dans l'apprentissage en ligne.

Il est crucial de comprendre que la transition vers un enseignement hybride et l'amélioration de l'accessibilité aux ressources numériques ne sont pas seulement des mesures temporaires en réponse à la pandémie, mais des investissements à long terme dans l'avenir de l'enseignement supérieur en Algérie. En modernisant les infrastructures et en développant des compétences numériques, l'université algérienne peut mieux se préparer à faire face à des défis similaires à l'avenir tout en offrant une éducation de qualité aux étudiants, qu'ils soient en présentiel ou à distance.